DBJ Gazet n°15

Masskes en kadeikes, chers zzzamis du Brusselois, bonjour goeiendag !

Cette fois ci pour la gazette j’ai rencontré un Brusseleir célèbre : Kevin Van Doorslaer dit « Kevin le Forain ».

On s’est donné rendez-vous au café « Le Laboureur » dans la rue d’ Flandre.

Un endroit qui reste inscrit dans mes propres souvenirs de vieux Brusseleir et qui a eu la très bonne idée de rester comme c’était avant …     

Le quartier a profondément changé bien sûr mais c’est pas pour ça que je vous parle et donc on va retourner à mon rendez vous.

14.30 heures pile, le voilà qui arrive. Avec une belle casquette et sourtout son éternel sourire. Rien qu’à le voir, je sais déjà qu’on va passer un bon moment.

On s’installe devant une bonne tasse de café et c’est parti. Et comme y faut hein…en Brussels Vloms… .ce qui fait direct tourner les têtes et qui met un sourire sur bien des lèvres des autres clients.

Pendant tout le temps de l’interview, on va passer du Brussels Vloms au Beulemans et c’est pas fait pour me déplaire !

« Alors, Kevin, bonjour et merci d’avoir accepté de venir parler aux lecteurs de la DBJ Gazet. Splique moi un peu sur tes origines, ta jeunesse si tu veux bien »

« Ouille, si loin…..Je suis en fait pas né à Bruxelles mais ça n’est pas ma faute : mes parents sont forains. Et un forain  naît  là où y a une foire. Donc moi je suis né à Alost et j’ai grandi dans ce monde forain depuis toujours. Entre ma mère qui faisait la grande tournée (les grandes villes en Belgique  ) et mon père qui faisait la petite tournée (les petites foires de quartier, les braderies, les kermesses).

L’école, j’ai jamais vraiment aimé ça quand j’étais ket. Quand je devais aller, j’étais toujours triste. Et à 13 ans,  j’ai commencé à travailler en aidant mes parents (conduire le camion, porter des trucs, un peu tenir le métier…) .

Et j’aimais ce monde. Pour moi, je pensais pas à autre chose.

Enfin, pas à autre chose  …j’aimais ossi jouer au football avec mes copains d’Anderlecht, j’aimais ossi la boxe. Et faire la fête avec mes copains. Au stameneï, je savais rester des heures !

Jusqu’à un tel point que mon père vers 17 ans m’a quamême demandé de choisir : le football,  la boxe ou la foire.

Et comme tous les gamins, je rêvais de voyages, d’Amérique, de grands espaces, de payer avec des dollars…mais presque avec la certitude que ça resterait jucht des rêves.

Et un jour , vers mes 18/19 ans, mon père qui était (et est encore très sportif) me propose de courir un marathon avec lui. Tu vois, déjà un peu l’enthousiasme que je pouvais avoir d’aller courir 42 kms à 17 ans….pas vraiment terrible….

Mais puis y parle du marathon de New York !!!!!! Il a fallu un peu de temps pour me motiver pour aller courir mais l’Amérique….New York…ça  devient une forme de réalité, donc hop je me suis entrainé et on est partis à New York pour ce marathon.

On arrive et là j’ai  comme un coup de foudre….. Et on rencontre là bas une connaissance de mon paternel qui me propose d’aller travailler pour lui dans une boulangerie dans le New Jersey.

C’était la fin de la saison pour les foires, c’était le moment ou jamais !

Promesse que je vais lui faire tenir puisque à peine de retour en Belgique et après une discussion familiale, je décide de retourner là bas pour  tenter ma chance (au point d’annuler des vacances prévues et déjà payées en Thailande  avec mes copains forains).

Petite parenthèse , c’est de mes copains du foot (les supporters de l’O-side à Anderlecht) que vient mon surnon « Kevin Le Forain » : y avait plusieurs Kevin dans la bande et donc y ont jucht ajouter le Forain pour m’identifier plus facilement.

Donc j’arrive au New Jersey et après quelques mois de travail en boulangerie, le peï m’invite chez lui à la maison pour la Noël  et dans la conversation, je finis par lui parler de mes envies d’être acteur.

Cui-là m’apprend que je dois m’inscrire à une école de théâtre et d’acteurs : je savais même pas que ça existait !!!!

On a écrit à plusieurs écoles pour que je présente l’examen et bien sûr, personne voulait de moi  :   je connaissais pas bien l’anglais et surtout je savais rien  de ce métier.

 Retour en Belgique où je me mets à apprendre l’anglais convenablement et où je m’inscris à des cours de théâtre et de cinéma….avec la ferme intention de retourner en Amérique pour prouver ce que je savais faire.

Avec l’anglais et des cours de théâtre en poche, j’ai su alors rentrer dans  diverses écoles différentes pour finir par être le premier Belch’ gradué de la Neighborhood Playhouse de New York.

Ce diplôme m’ouvre quelques portes et je sais avoir  des petits rôles dans des séries américaines, des cours métrages où j’ai souvent le rôle de l’Européen expatrié. Ossi dans certaines pièces  de théâtre avec des rôles de vrai Américain où je devais vraiment travailler mon accent.

Et puis d’un coup, j’attrape le mal du pays et je reviens en Belgique.
Et le plus fort c’est qu’ici comme je parle couramment l’anglais sans accent et que c’est rare par ici, on me donne des rôles d’américain expatrié en Europe !!!

J’ai entre autres l’occasion de tourner aux côtés de Jean Reno et de Jean Dujardin. 

Et puis, un jour, le destin vient sonner à ma porte…enfin non, sur mon téléphone.

C’est Geert Dehaes, de chez Brusseleir !, qui m’appelle pour me dire qu’ils sont en train de monter « La Mégère apprivoisée «  de Shakespeare en  Brussels Vloms et que leur acteur principal doit abandonner suite à un accident. (en Brussels Vloms, la pièce s’appelle « Een kat ès gien poos »)
Je plonge là dessus comme pas possible, j’oublie tout le reste : les copains, les sorties, la vie…pour apprendre le rôle et arriver à avoir un grand succès avec cette pièce au Zinnema et dans d’autres salles des environs de Bruxelles avec le Brussels Volksthéjoeter ».

« Oui, c’est vrai Kevin : c’est d’ailleurs à cette époque qu’on s’est rencontrés ! J’étais admiratif de tes capacités d’acteur mais aussi devant la performance que cela représentait, d’une part d’écrire du Shakespeare en vers en Brussels vloms..mais aussi de le mémoriser ! » (NDLR : la traduction de la pièce de Shakespeare   en Brussels Vloms et  en vers est attribuée à Claude Lammens).

« Oué, j’ai encore joué plusieurs autres pièces avec eux. Ca m’a toujours apporté beaucoup de plaisir parce qu’on jouait dans de belles salles, de bonnes pièces bien traduites, avec une bonne équipe et sourtout ossi avec toujours des salles pleines d’un bon public.

C’est ossi le moment où j’ai écrit et réalisé mon premier court métrage « Rendez vous mè dieu » .

Un petit film fait sans gros moyen mais avec beaucoup de cœur et qui finalement nous a amené jusqu’en Amérique dans des festivals de cinéma et même à gagner des prix !

 A la base le film était entièrement en « Brussels Vloms » mais on en a fait

un DVD et on a mis des sous-titres en anglais. »

« Oué un chouette film que j’ai vu sur la tévé. Très chouette !

Mais, l’épisode « Charlotteke », ça c’est quamême ossi quelque chose d’inimaginable ! »

 « Oué, bien sûr, Cathy Thomas et son théâtre « Le  Fou Rire » !   Et là, on se dit qu’on devait avoir une musique originale pour accompagner   certains moments de la pièce… »

« Exact ! je me rappelle encore de ton coup de téléphone pour me proposer ça. Je l’avais jamais fait avant et toi, tu viens me demander d’écrire une chanson pour ta pièce !!!! je suis venu à une répétition , j’ai pris beaucoup de notes et en sortant, je me suis dit : Dans quoi est ce que moi je me suis encore foutu comme bazar ! » Pourtant, rentré chez moi, la chanson était écrite en moins d’une heure (j’avoue que j’avais déjà une musique sans paroles que je   savais pas quoi faire avec…). On l’a enregistré, Cathy en a fait graver des cds  pour les vendre aux représentations ».

 «Tout  à fait ! Et chaque fois qu’on rejoue « Charlotteke » , le public qui revient et connaît déjà la pièce, chante ta chanson avec nous …comme si

c’était le plus grand succès au hit parade ! » 

Magnifique !!! 

 « Et tes projets d’avenir Kevin…tu sais une fois me dire quelque chose là dessus ? »

 « Ah oué, je viens de finir le tournage de mon deuxième court métrage et on est occupés au montage. Ca prend du temps mais ça avance !

Et puis, j’ai aussi créé une école d’acteurs à Bruxelles , le « Actingstudiobrussels » ousque je donne des cours en anglais à des amateurs  qui voudraient se lancer dans cette carrière.

Et puis, depuis dix ans, j’ai repris le sport de combat, un mélange de toutes sortes de disciplines : catch, karaté, boxe, lutte …du MMA : Mixed Martial Arts.

Et en septembre 2023, mon coach décide de m’inscrire dans un tournoi de jiu jitsu à Amsterdam ….que je gagne….pour mon premier tournoi, tu te rends compte !

Et dans la foulée, y m’inscrit au championnat d’Europe à Paris.

je me dis à chaque combat que je vais prendre la rammeling de ma vie…et finalement, j’arrive deuxième…je suis vice champion d’Europe…moi le stroetgamin, moi qui ai pas fait des grandes études, moi le forain…..

Je sais pas assez dire merci à la vie pour ce qu’elle m’a apporté jusqu’à présent, pour ce qu’elle m’apporte tous les jours.

J’ai réalisé mes rêves d’enfant, j’ai été gradué d’une école aux USA ousque les murs étaient pleins de photos de mes idoles de cinéma (De Niro, entre beaucoup d’autres…) et le sport m’a équilibré. Je suis heureux ! 

Et mainant, moi qui ai toujours beaucoup voyagé, ce que j’aime encore le mieux, c’est de rester à la maison avec ma petite et regarder avec elle des Walt Disney. Je profite beaucoup de ma vie de famille et des mes filles ! » 

Kevin et moi, on va encore parler cinéma et de notre amour commun du vrai cinéma américain (Scorcese, de Niro, Pacino, le Parrain, les films noirs…) et on évoque ensemble la splendeur d’une scène du film « Il était une fois l’Amérique » : la scène où le ket de rue achète un pateike qu’il veut offrir à une mokke en échange de ses charmes..et où le ket affamé, finit par manger le pateike plutôt qu’aller voir la kéék.

On sort ensemble, on fait une  photo et on remonte la rue de Flandre (sans manquer d’aller dire bonjour à Geert Dehaes dans ses bureaux de « Brusseleir ! , tout à côté) , on babbel et on ziever encore un peu… (je me dis dans mon moi même que la rue d’ Flandre ne doit pas en croire ses blaftuure en nous entendant zwanzer en Brussels Vloms et ça ossi, ça me fait plaisir).

J’ai passé une après-midi magnifique et je vois dans son regard que pour lui c’est jucht la même chose !

Aujourd’hui, j’ai pas fait un interview, j’ai vu et parlé à un ami !

Et je me dis que si c’est mon premier, ce sera pas le dernier……

Pour celles et ceux que ça intéresse, voici les sites internet de Kevin et de
son école.

👉 www.kevinvandoorslaer.com

👉 www.actingstudiobrussels.com